Par Curiosity
Il y a un mois, nous avons organisé notre séminaire annuel, un grand rassemblement de toutes nos équipes locales. Au détour d'une conversation, Julia, notre nouvelle recrue de Barcelone nous a confié que même si elle le comprenait, il était difficile pour elle de défendre l’idée d’événements exclusivement féminins.
Nous nous sommes demandé pourquoi cette question revient sans cesse, pourquoi cela gêne autant ? Pourquoi pense-t-on à ceux qu’on exclut au lieu de penser à celles qu’on rassemble ?
Il ne s’agit pas d’être contre qui que ce soit, mais plutôt d’offrir, le temps d’une soirée, un espace, un moment où l’échange est valorisé, les intérêts sont communs, l’expérience est partagée, l’inspiration est moteur. On cherche à transmettre, à se projeter, à se retrouver, à rêver.
Depuis toujours, en réponse à une différence de traitement, les femmes se sont organisées en groupe pour se soutenir et faire entendre leur voix. Médecins en Égypte ancienne, béguines au Moyen-Âge, salons littéraires pendant les Lumières, suffragettes au début du siècle. À chaque période, elles se sont structurées, elles ont appris, lutté, inventé, avancé ensemble.
L’héritage de ces luttes est toujours présent, et malgré de grandes avancées au fil des siècles, les inégalités subsistent (rappelons-nous que 9% des rues portent des noms de femmes en Europe et seulement 5% des DG dans le monde sont des femmes). Qu’on le veuille ou non, les femmes sont encore sous représentées, moins écoutées, moins valorisées à tous les niveaux de la société.
“Dans {les} espaces intimes, la parole des femmes est plus libre, et ceci d’autant plus qu’elle peut être carrément dévalorisée dans le monde extérieur.” analysait la philosophe Ophélie Chavaroche, dans sa dernière Curiosity News.
Alors voilà ce que nous offrons : des espaces intimes, où la parole est libre, où le pouvoir du collectif permet de faire émerger le commun qui rassemble des expériences jusqu’alors vécues isolément, où le récit des rôles modèles permet d’envisager de nouvelles perspectives, où le sentiment d’appartenir galvanise, et où, de façon impalpable, nous nous reconnaissons, nous nous soutenons.
Que ceux qu’on exclut se rassurent, il ne s’agit que d’une parenthèse dans notre quotidien, juste quelques heures de temps de temps, et avec l’énergie que cela nous transmet, ces heures nous feront gagner des années.
“Il y avait quelque chose de jubilatoire à se retrouver entre femmes et à sentir que l’on pouvait parler en toute liberté. Ce n’est pas si fréquent. Au début, nous avions accepté la présence d’hommes. Mais c’était une erreur. Certaines femmes s’autocensuraient, craignant leur jugement, leur incompréhension, leur ignorance de nos maux de femmes. (...) Alors on s’était mises d’accord pour rester entre nous (...). J’avais l’impression que nous nous tenions toutes la main.” Gisèle Halimi à Annick Cojean dans Une farouche liberté.
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