💌 Renouer avec sa puissance.

Par Julie Allison.

Curiosity Club News
5 min ⋅ 04/07/2024

Comment écrire un billet inspirant quand on a le souffle coupé par l’attente anxieuse ?

Nous avions prévu de vous offrir une respiration, une réflexion poétique. Un peu de douceur à l’approche des congés d’été.

Mais l’atmosphère est lourde et l’attente interminable en cette semaine d’entre-deux tours d’une élection législative dont les projections nous font osciller entre sidération et désespoir.

« N’en parle surtout pas, écrit plutôt quelque chose de joli et de léger ! » m’aurait dit ma grand-mère, qui a grandi à une période où la bienséance imposait la politique de l’autruche face à tout sujet qui fâche.

Elle n’était pas seule à s’enfouir la tête dans le sable.


La tentation est grande de s’incliner quand une organisation propulsée à grands coups de vidéos sur Tik-Tok prétend s’approprier le bleu-blanc-rouge et décider qui en est digne et qui sera exclu.
À quoi bon se battre si l’être humain n’a rien retenu des moments les plus sombres de son histoire ?
Le même sentiment nous saisit à chaque publication de rapport alarmant sur l’état du climat.
À quoi bon trier sa poubelle quand les défis sont si grands ?
C’est lui encore, qui vous a fait renoncer l’an passé à demander une augmentation de salaire pourtant méritée.
À quoi bon ? On va encore me dire non.
Lui toujours, qui finira par convaincre mon amie qu’elle n’aura jamais d’enfant.
À quoi bon ? On essaie depuis deux ans et cela ne fonctionne pas.


Cette musique toxique qui pousse à renoncer, ce sentiment douloureux, porte un nom. On l’appelle l’impuissance apprise.
Il s’agit d’un concept développé dans les années 1960 par les psychologues Martin Seligman et Steven Meier. Leurs expériences ont en effet permis de démontrer que face à des échecs répétés, l’animal comme l’être humain développent la croyance qu’ils ne peuvent pas (s’échapper, réussir, etc.) et restent pris au piège de leur impuissance supposée même lorsque l’obstacle a disparu.

Fort heureusement, il existe une stratégie pour renouer avec sa puissance : le renforcement positif (autre proposition de Martin Seligman). Il s’agit de faire de petits pas en avant, d’initier des actions, même anodines, et de célébrer leur réussite, pour renouer avec le sentiment de contrôler sa trajectoire.


Voter dimanche prochain et contribuer activement à faire barrage.
Refuser l’indifférence et la haine de l’autre, offrir un sourire à la place.
Lire cette newsletter et soutenir ainsi la mission de promotion de l’égalité entre les hommes et les femmes que s’est donnée Curiosity.

Ces petits pas en avant, à quoi servent-ils ?

À trouver le courage d'affronter l'incertain au lieu de le fuir. Trouver dans le doute, tout contre lui, la force de s'élancer.” Charles Pépin (La confiance en soi).

Car le passage à l’action, toute forme d’action, même quand l’impact paraît dérisoire, nous remet en puissance. En capacité d’agir et de peser sur le réel.


Il nous remet aussi en poésie, au sens du grec poiêsis, qui signifie “création” (le soupir de soulagement que vous venez d’entendre, c’est celui de ma grand-mère : la poésie est un sujet bien plus convenable que la politique).

Être en poésie, c’est refuser l’impuissance apprise.
C’est planifier chaque jour une action pour agir sur le monde.
Choisir d’être acteur, actrice et surtout pas spectateur de nos vies.


La stratégie des petits pas en avant produit les grands changements, comme l’inscription en France du droit à l’IVG dans la Constitution plus tôt cette année, à une période où ce droit est plus que jamais menacé dans d’autres pays du monde.

Ne lâchons rien. L’égalité, l’inclusion, la tolérance, la liberté d’expression ont besoin de chacune de nos petites actions.

"Le monde est dangereux à vivre non pas tant à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire.” Albert Einstein.

Julie Allison

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Curiosity Club News

Par Curiosity Club

Française et britannique, femme, mère et amante, plume et cadre dirigeante, Julie aime les mots mais pas les cases étroites dans lesquelles on range les idées et les gens. Elle milite pour une intelligence plurielle, pour le droit à être plusieurs choses en même temps et considère la curiosité comme la plus belle des qualités. Pour Curiosity Club, elle partage des fragments de vie et pose des mots sur les déflagrations qui nous ébrèchent autant qu'elles nous grandissent. 

Ophélie est diplômée d’un PhD en philosophie et études de genre de l’université de Cornell (USA). Elle enseigne les humanités politiques et les questions de genre à Sciences-Po Paris. Son approche éclaire les sujets d’égalité F/H, d’inclusion et de leadership par les sciences humaines.

Valentine partage avec nous les 10 ans qu’elle a passé sur le terrain à parcourir les zones de conflits pour faire respecter le « droit de la guerre » et améliorer les conditions des civils souffrant d'années de conflits. De la gestion du risque et de la peur à l’exploitation de ses forces en passant par l’adaptation à son environnement et la négociation, vous n’êtes pas au bout de vos surprises. 

Philosophe de formation, Camille a travaillé comme chargée de recherches dans le milieu de l’innovation sociale, puis comme conseillère auprès d’un élu local. Elle écrit pour contribuer à la fabrique d'un monde pétri de moins d'inégalités - qu'elles soient sexistes, classistes, racistes, validistes. Ses domaines de prédilection ? L’égalité femmes-hommes, la justice sociale et le travail, la culture et le design.


Jeanne a étudié les lettres et le cinéma à Paris, Montréal et Rome. En 2024, elle s'est installée sur l'île de Groix pour reprendre la co-direction artistique du FIFIG, un festival de cinéma documentaire dédié à l'insularité. Elle travaille en parallèle sur ses propres projets de films documentaire et d'écriture.

Consultante et aujourd'hui journaliste, Clémentine s'intéresse notamment aux évolutions du monde du travail, aux questions de genre et d'égalité, et à l’écologie. Elle aime écrire sur l'actualité, les gens qu’elle rencontre ou pour détailler les pérégrinations de son cerveau.